Actualité

Couverture de l’information sur la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre : vers un Référentiel de bonnes pratiques

Destiné aux professionnel(le)s des médias des pays de la sous-région, le document, en cours d’élaboration, a fait l’objet de discussions les 17 et 18 novembre 2020 au cours d’un atelier régional en ligne organisé par l’UNESCO, dans le cadre du projet « Autonomiser les jeunes en Afrique à travers les médias et la communication ».

Améliorer la couverture médiatique de la migration par les journalistes des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, c’est l’objectif visé par le Référentiel de bonnes pratiques produit par l’UNESCO. Le référentiel vise à compléter et faire évoluer les savoir-faire des professionnel(le)s des médias de la sous-région dans la couverture de l’information sur la migration. Regroupant, entre autres, les aspects techniques et pratiques spécifiques de la couverture médiatique sur la thématique migratoire adaptée au contexte socio-culturel africain, le document, en phase d’élaboration, revient sur les standards professionnels permettant d’assurer une couverture de qualité de l’information et insiste sur la promotion les bonnes pratiques pour garantir la production et la diffusion de l’information crédible, équilibrée et diversifiée sur la migration.

Le Référentiel a été présenté au cours d’un atelier régional organisé par l’UNESCO dans le cadre du projet « Autonomiser les jeunes en Afrique à travers les médias et la communication », financé par le Ministère Italien des affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI), via l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS).

Cette rencontre a vu la participation d’une trentaine de professionnel(le)s des médias, représentants d’organisations de médias et experts. Parmi eux, des journalistes du Niger, Mali, Ghana, Côte d’Ivoire, Nigeria, Guinée, Sénégal et Cameroun.

L’occasion leur a donc été donné de partager leurs « bonnes pratiques » afin d’enrichir le Référentiel. Journaliste au Cameroun, Carole YEMELONG termine actuellement le montage d’un film sur la migration des femmes et des jeunes. « La collecte m’a amené à deux frontières, Cameroun-Tchad et Cameroun-Nigeria où la zone, en crise sécuritaire, est fortement militarisée, et quelque peu hostile aux journalistes. Dans ce type de condition, il est nécessaire de très bien préparer son sujet et se munir de caméras très discrètes ». A sa suite, la journaliste ivoirienne Leila MANDE - qui a fait le trajet de Abidjan, en Côte d’Ivoire jusqu’à Agadez (Niger) et a pu observer les difficultés de la couverture de la migration irrégulière aux frontières ouest-africaines -, invite les journalistes à faire valoir auprès de la police des frontières, le protocole de la libre circulation des personnes et à ne pas se laisser intimider ni succomber au chantage visant à monnayer pour le passage d’une frontière à une autre.

Des témoignages parmi d’autres qui ont enrichi les échanges au bénéfice du Référentiel.  « Ce document a le mérite d’aborder un aspect essentiel de la couverture de l’information sur la migration : aider les professionnels des organisations de médias à mieux cerner et satisfaire les besoins en information des populations migrantes, des candidats à la migration, en particulier les jeunes et les femmes », a indiqué M. Dimitri SANGA, Directeur du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest (Sahel). En évoquant les récentes tragédies de jeunes migrants et migrantes au large des côtes sénégalaises, il souligne : « Informer les citoyens et citoyennes sur la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre signifie couvrir tous les aspects de la migration : les opportunités, mais aussi les défis, voire les effets négatifs, notamment lorsqu’il s’agit de la migration irrégulière, sans oublier d’analyser les causes profondes pour contribuer à la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ».

Un discours appuyé par le représentant du Directeur du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique Centrale, M. Nejib MOKNI, Conseiller pour la communication et l’information dudit Bureau : « En l’état actuel de la couverture médiatique des flux migratoires, seuls les évènements tels les retours massifs ou les morts en mer donnent l’occasion aux journalistes de parler de la migration. Et quand ils le font, c’est par le biais des clichés…. Voilà pourquoi nous insistons sur les bonnes pratiques ».

Au cours de l’atelier, des experts travaillant dans le domaine de la migration, sont intervenus pour exposer des initiatives comme celle de la Carta di Roma, un code de déontologie relatif à l’information sur les migrants, demandeurs d’asiles, réfugiés et victimes de la traite, élaboré entre autres par l’Ordre des journalistes et la Fédération de la presse italienne. Un Charte éthique pour la couverture médiatique des migrations  a par ailleurs été adopté en décembre 2019 à Carthage (Tunisie) par des journalistes africains issus d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe. Les participants ont aussi débattu des opportunités nouvelles de collecte, traitement et diffusion de l’information sur la migration, qu’il s’agisse de production d’articles de presse écrite ou en ligne, d’éléments radio ou télévisuels ou encore de dessins. « On utilise la technique du dessin de presse par exemple pour sensibiliser sur les thématiques importantes comme celle de la migration », a rappelé Damien GLEZ, dessinateur franco-burkinabé, ancien directeur de publication délégué de l’hebdomadaire satirique Journal du Jeudi, qui a par ailleurs collaboré sur ce Référentiel, à travers des dessins de presse.

En clôture d’atelier, l’Ambassadeur d’Italie à Dakar, SEM Giovanni Umberto DE VITO a tenu à souligner que « l’impact économique et social de la crise de la COVI-D19, très ressenti au Sénégal et dans la région, pousse beaucoup de jeunes à migrer coûte que coûte vers l’Europe, avec des conséquences dramatiques, […] qui nous interpellent et nous demandent d’agir".

Au sortir de cet atelier d’échanges, de nouvelles recommandations en matière de bonnes pratiques de la couverture de la migration, par les acteurs des médias d’Afrique de l’Ouest et du Centre pour la production d’une information de qualité, ont été faites. Celles-ci seront intégrées dans le document avant sa finalisation et sa mise à disposition auprès des professionnel(le)s de médias.

 Contacts :

Théodore SOMDA tz.somda@unesco.org

Joshua MASSARENTI : j.massarenti@unesco.org