Histoire

Drones et grands singes, une nouvelle histoire

L'UNESCO travaille avec des réserves de biosphère et des sites du patrimoine mondial en Afrique et en Asie pour surveiller l’état de santé et l’évolution de l'habitat des grands singes à l'aide de drones.

Objectifs du projet

Vingt sites désignés par l'UNESCO provenant de 11 pays sur deux continents, qui abritent les trois espèces de grands singes (gorilles, orangs-outans et chimpanzés, dont les bonobos) se sont engagés pour la protection de ces espèces emblématiques.

L'UNESCO, en partenariat avec le Muséum national d'Histoire naturelle de France et le Sebitoli Chimpanzee Project (Ouganda), lance un nouveau et vaste projet visant à protéger les grands singes et leurs habitats. Grâce à l'utilisation de drones, les techniciens de ces 20 sites collecteront des données sur la phénologie des espèces, leurs sources de nourriture, la localisation des nids éventuels, les zones potentielles de conflit avec les populations, etc. mais aussi sur les signes de déforestation ou de fragmentation de l'habitat. Les informations recueillies seront mises en commun afin d’avoir une vue d’ensemble, et de faire des études comparatives. Cette base de données sur l'état de santé et l’évolution de l'habitat des grands singes à l'intérieur et à l'extérieur des zones permettra de renforcer la protection de nos plus proches cousins en améliorant notre connaissance sur leur environnement.

L'utilisation de drones permet de réduire les perturbations humaines dans les zones d’études et de prévenir tout risque de transmission de zoonoses à la faune. Les relevés et images aériens permettent non seulement de faire un suivi des cycles naturels de la flore (floraison, fructification, période de récolte…), mais également de surveiller les activités illégales (braconnage, exploitation minière, etc.) sans perturber les zones.

Avec une approche du projet selon le paradigme "One Health", les données collectées permettront d'établir le lien entre un environnement sain et des grands singes en bonne santé, améliorant ainsi les connaissances sur les grands singes et permettant de mieux identifier et comprendre les facteurs et les conséquences des menaces auxquelles ils sont confrontés.

90%
de chimpanzés sont morts d'Ebola dans certaines régions d'Afrique
3000
Estimation du nombre de grands singes victimes de braconnage par an
Transformation de la forêt tropicale - fragmentation de l'habitat, vue aérienne
Aerial view of tropical forest in Malaysia with palm tree plantation encroaching on tropical forest

Une première formation sur le terrain

Faisant suite à un atelier en ligne qui a permis aux représentants des 20 sites d’acquérir les connaissances théoriques sur les problématiques des grands singes et l’utilisation des drones, le premier atelier de formation pratique sur le terrain s’est terminé le 15 janvier dernier dans le Parc national de Kibale, Ouganda. Douze techniciens d’Ouganda, de Côte d’Ivoire et du Nigeria ont participé à cet atelier pilote animé par Dr Sabrina Krief, primatologue du Muséum national d'Histoire naturelle (France), M. Jean Michel Krief, du Sebitoli Chimpanzee Project et par deux formateurs en pilotage de drones, M. Bruno Roux et M. John Plaetevoet de L'Avion Jaune et en présence du Secrétariat du Programme MAB, de la commission nationale ougandaise pour l'UNESCO et de l'autorité ougandaise de la faune sauvage (UWA). 

L’atelier s’est voulu pratique avec des sessions dédiées au pilotage de drones en milieu réel pour capturer des images qui nourriront la base de données commune. Il a néanmoins permis une approche ciblée des particularités de chaque site et de chaque population de grands singes pour définir les zones de relevé, en tenant compte des lieux où les populations de grands singes vivent, des relations entre les grands singes et les populations locales, des menaces locales auxquelles les animaux sont confrontés mais aussi des contraintes techniques des sites : topographie du site, taille, connexion internet, électricité, etc. Les représentants des sites ont défini ensemble le protocole de collecte de données afin d'harmoniser ces dernières pour tous les sites.

Une deuxième session de formation pour 15 sites additionnels d’Afrique et d’Asie aura lieu prochainement.

group of trainees and trainers_using drones to monitor great apes habitats
Participants in the training
All rights reserved
Man kneeling over drone and piloting accessories
Exercice de pilotage de drone
All rights reserved
4 persons holding a drone - UNESCO is offering one drone per UNESCO site hosting Great Apes participating in the project
L'UNESCO fournit à chaque site participant au projet un drone pour la mise en oeuvre des activités dans leurs sites respectifs.
All rights reserved
4 men standing in background piloting a drone. Drone on foreground on take off/landing piste
Exercice de pilotage de drone
All rights reserved
5 men standing and flying a drone in Uganda
Exercice de pilotage de drone
All rights reserved

Et après?

À la suite de la formation, l’UNESCO fournit à chaque site un drone, de marque et modèle similaire, afin d’aider les sites à la mise en œuvre du projet sur le long terme.

L'École régionale post-universitaire d'aménagement intégré des forêts et territoires tropicaux (ERAIFT, un centre de catégorie 2 placé sous l'égide de l'UNESCO) basé à Kinshasa en République démocratique du Congo, hébergera la base de données d'images et la rendra accessible à tous. La collecte d'informations sera utile aux participants du projet, mais aussi aux scientifiques qui ont besoin de données relatives à la biodiversité dans les régions, et aux gouvernements, qui y trouveront des éléments précieux pour leurs rapports et contributions aux agendas mondiaux.

Sites participant au projet

  • Cameroun (Réserve de biosphère du Dja/Réserve de Faune du Dja, site mixte : réserve de biosphère et site du patrimoine mondial)
  • Côte d'Ivoire (Réserve de biosphère du Taï/Parc national du Taï, Réserve de biosphère de la Comoé/Parc national de la Comoé, sites mixtes)
  • Ghana (Réserve de biosphère de Bia)
  • Guinée (Réserves de biosphère du Haut Niger, de Ziama, de Badiar et la Réserve de biosphère du Mont Nimba/Réserve naturelle stricte du Mont Nima, site mixte)
  • Malaisie (Réserve de biosphère de Crocker Range)
  • Nigéria (Réserves de biosphère d'Omo, d'Oban et de Okwngwo)
  • Ouganda (Réserve de biosphère de Queen Elizabeth, Foret impénétrable de Bwindi, site du Patrimoine mondial)
  • République Centrafricaine (Réserve de biosphère de Basse Lobaye)
  • République Démocratique du Congo (Réserves de biosphère de Yangambi, de Luki, et Parc national de Salonga, site du Patrimoine mondial)
  • Sénégal (Réserve de biosphère de Niokolo-Koba/Parc national de Niokolo Koba, site mixte)
  • Tanzanie (Réserve de biosphère de Gombe Masito Ugalla)