Salzburger Lungau and Kärntner Nockberge Biosphere Reserve, Austria

Histoire

Le Réseau EuroMAB réaffirme son engagement en faveur de la coopération entre réserves de biosphère

La conférence biennale EuroMAB a eu lieu pour la première depuis le début de la pandémie de Covid-19, du 12 au 16 septembre à Bad Kleinkirchheim, dans la Réserve de biosphère Salzburger Lungau et Kärntner Nockberge en Autriche, dans le contexte d'un été exceptionnellement chaud.

Elle a donné l'occasion aux participants, parmi lesquels des gestionnaires de réserves de biosphère, des scientifiques, des praticiens, des entreprises et des jeunes, de se rencontrer en personne pour discuter des derniers progrès réalisés en matière d'approches collectives de la gestion des interactions entre les humains et la nature soutenant la conservation de la biodiversité. Les participants ont aussi pu tester des solutions innovantes pour le développement durable dans les réserves de biosphère.

Un atelier sur l'apiculture biologique

La conférence a été une ruche d'activités, à plus d'un titre. L'un des ateliers a permis à des apicultrices de différentes réserves de biosphère d'échanger leurs connaissances et leurs savoir-faire et de visiter les ruchers d’apiculteurs de l'Association des apiculteurs de Carinthie, qui compte plus de 3 400 adhérents. L’atelier a été organisé par le programme UNESCO-Guerlain « Des Femmes pour les Abeilles », auquel participent ces apicultrices.

Ce programme est important car les abeilles, ainsi que d'autres pollinisateurs tels que les chauves-souris, les papillons et les colibris, contribuent non seulement à la sécurité alimentaire humaine mais jouent également un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité. Près de 90 % des espèces de plantes à fleurs sauvages du monde dépendent de la pollinisation animale, de même que plus des trois quarts des cultures vivrières[1]. On estime que plus de 40 % des espèces d'abeilles sont menacées d'extinction[2].

Au cours de cet atelier en plein air, cinq femmes du programme Des Femmes pour les Abeilles ont présenté leurs activités apicoles dans la Réserve de biosphère des Balkans centraux (Bulgarie), la Réserve de biosphère de Moselle Sud (France) et la Réserve de biosphère de Kozjansko & Obsotelje (Slovénie).

Les apicultrices du programme Des Femmes pour les Abeilles échangent leurs expériences avec l'association apicole de Carinthie
Les apicultrices du programme Des Femmes pour les Abeilles échangent leurs expériences avec l'association apicole de Carinthie
Atelier organisé par le programme Des Femmes pour les Abeilles pendant la conférence EuroMAB

La Slovénie compte plus de 500 espèces d'abeilles sauvages[3], dont 35 espèces de bourdons. Dans la Réserve de biosphère de Kosjansko & Obsotelje, le programme UNESCO-Guerlain Des Femmes pour les Abeilles contribue à la conservation de l'abeille de Carniole (Apis mellifera carnica), une sous-espèce de l'abeille domestique occidentale native de la région et très facile à gérer. Le programme forme des apicultrices à rendre leurs ruchers écologiques afin de conserver les écotypes locaux.

Au cours de l'atelier, les discussions ont porté sur la manière d'encourager les bonnes pratiques individuelles et collectives dans les zones urbaines et rurales, ainsi que sur l'importance des différents écotypes d'abeilles et de leur conservation, notamment à la lumière du changement climatique.

D'autres ateliers thématiques ont également exploré les moyens de réconcilier les humains avec la nature dans la région EuroMAB, qui compte 308 réserves de biosphère de l'UNESCO dans 41 pays d'Europe et d'Amérique du Nord.

Un accent particulier a été mis sur le dialogue intergénérationnel, notamment par le biais d'une journée préparatoire avec les jeunes afin de partager de nouvelles informations sur leurs activités au sein du Réseau des jeunes EuroMAB. Deux ateliers ont également été organisés pour les jeunes, l'un sur le thème de la construction des réserves de biosphère du futur et l'autre sur la manière dont les jeunes pourraient contribuer au prochain plan d'action du Réseau EuroMAB.

Suite à la participation des jeunes à la conférence, il a été décidé d'inclure des jeunes dans le comité directeur d'EuroMAB aux côtés de ses nouveaux membres.

Les réserves de biosphère confrontées à des niveaux d’eau de rivière historiquement bas

La conférence a été organisée sous le thème « Tisser les cultures. Coopération transfrontalière entre sociétés et générations » par le Comité autrichien de l’Homme et la biosphère (MAB) et accueillie par la Réserve de biosphère de Salzburger Lungau et Kärntner Nockberge. Avec plus de 150 participants, elle s'est déroulée dans le respect de l'environnement et de l'économie des ressources, en mettant l'accent sur les liens culturels et la coopération transfrontière.

L'Autriche est l'un des cinq pays qui partagent la Réserve de biosphère transfrontière Mura-Drava-Danube, créée en 2021. Couvrant près d'un million de kilomètres carrés, elle s'étend sur l'Autriche, la Croatie, la Hongrie, la Serbie et la Slovénie.

Cette année, l'Europe a connu l'été le plus chaud et le plus sec jamais enregistré. La sécheresse exceptionnelle et les températures élevées ont fait chuter les niveaux d'eau des rivières européennes à des niveaux historiquement bas. Cette situation menace le rôle du Danube en tant que voie de transport et a perturbé non seulement la faune et la flore, mais aussi le commerce, les entreprises locales comme les restaurants, et la production d'énergie.

Pour conserver les écosystèmes le long du Danube et soutenir les populations qui en dépendent, il faudra une action concertée. C'est pourquoi la création de la Réserve de biosphère transfrontière de Mura-Drava-Danube a été une étape si importante pour la coopération transfrontière.

Marianne Penker, présidente du comité MAB autrichien, a rappelé lors de la conférence EuroMAB que le programme sur l’Homme et la biosphère « s'efforce de franchir les frontières entre les disciplines et les secteurs, entre la nature et le développement, entre la science et la société, afin d'apporter des solutions aux défis à venir en matière de biodiversité et de climat ».

Équipe organisatrice d'EuroMAB

de la Réserve de biosphère Salzburger Lungau et Kärntner Nockberge en Autriche

EuroMAB organizing team from the Salzburger Lungau and Kärntner Nockberge Biosphere Reserve in Austria

Les feux de forêt ont ravagé de nombreuses réserves de biosphère européennes

De nombreuses réserves de biosphère européennes ont signalé des incendies de forêt cet été. L'Espagne, qui compte le plus de réserves de biosphère en Europe (53), dont trois transfrontières avec le Portugal et une quatrième avec le Maroc, n'a pas fait exception.

Une quinzaine de réserves de biosphère espagnoles ont connu des incendies de forêt, selon les données de Copernicus - Emergency Management Services, un projet de l'Union européenne. Une analyse préliminaire menée par le Comité MAB espagnol à l'aide des données NASA-VIIRS Active fires a révélé qu'environ 40 000 hectares avaient brûlé dans les réserves de biosphère espagnoles entre le 23 juin et le 24 août 2022.

Les dégâts les plus importants ont été enregistrés dans la Réserve de biosphère transfrontière de la Meseta Ibérica, partagée avec le Portugal, où pas moins de 20 000 hectares ont brûlé.

Dans la Réserve de biosphère transfrontière Gerês-Xurés, également partagée avec le Portugal, un groupe de scientifiques a élaboré un scénario expliquant comment la protection des terres agricoles et la gestion intelligente du feu pourraient contribuer à prévenir les incendies de forêt au cours de la prochaine décennie, tout en améliorant la biodiversité et le piégeage du carbone dans la biomasse[4]. Une gestion intelligente du feu comprend notamment la restauration de plantations de conifères en forêts de chênes natives afin de limiter la propagation du feu, car les chênes ont une écorce très épaisse qui résiste à la chaleur. Les scientifiques qui ont préparé cette analyse estiment que le fait de soutenir les terres agricoles pour prévenir et inverser l'abandon des zones rurales pourrait contribuer à réduire de 50 % l'étendue des zones touchées par des incendies de grande ampleur entre 2030 et 2050.

L'engagement et les résultats des réserves de biosphère du Réseau EuroMAB montrent qu'elles investissent déjà dans un avenir meilleur, en s'appuyant sur les preuves qu'il est encore possible non seulement de se réconcilier les uns avec les autres mais aussi avec les êtres vivants partout sur Terre.

Meriem Bouamranecoordinatrice du réseau EuroMAB, UNESCO