Chapitre 1 : déminer, déblayer et stabiliser
Après trois ans d'occupation et plusieurs affrontements dont les habitants ont subi les conséquences, Mossoul, en ruines, a été libérée. Au début de l'année suivante, l'UNESCO s'est engagée sur la voie de la reconstruction et de la réconciliation avec l'objectif de redonner sa gloire d'antan à cette ville riche et diverse, à l'histoire plurielle. En février 2018, la Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay, a annoncé le lancement de l'initiative phare « Faire revivre l'esprit de Mossoul » afin de restaurer l'histoire, le patrimoine et la vie de Mossoul, en ravivant l'esprit même de la ville.
À l'automne 2018, en partenariat avec les Émirats arabes unis, les travaux de la phase préparatoire de la réhabilitation et de la reconstruction du complexe Al-Nouri et de son minaret ont débuté. Il s'agissait notamment de déminer les sites, de consolider les structures restantes et de déblayer les gravats dès la remise du site à l'UNESCO en février 2019. Le déblaiement des décombres était en fait plus que l'enlèvement gravats, il s'agissait de repérer les pièces de valeur susceptibles d'être réutilisées lors du processus de reconstruction et de les séparer des décombres. Cette tâche méticuleuse a été réalisée sous la supervision d'experts internationaux et d'étudiants en archéologie de l'Université de Mossoul.
Concernant la mosquée Al-Nouri, une enquête menée en 2020 auprès des habitants a montré que 70 % des habitants de Mossoul souhaitaient voir sa salle de prière reconstruite telle qu'elle était, mais avec quelques améliorations. Le public voulait avoir l'assurance que les caractéristiques essentielles et les principaux volumes de la structure seraient préservés. L'UNESCO a lancé un concours international d'architecture pour la sélection du projet de reconstruction de la mosquée Al-Nouri. Les lauréats, une équipe égyptienne de quatre partenaires sélectionnés en avril 2021, ont conçu les plans en collaboration avec un partenaire local, l'Université de Mossoul, et en consultant régulièrement l'Union des architectes/ingénieurs et des experts locaux. Le visuel final a été approuvé par le ministère de la Culture et la Dotation sunnite en mai 2022.
Chapitre 2 : découverte de vestiges archéologiques
En marge du processus de préparation, un groupe de 40 ouvriers et architectes a fait une découverte archéologique exceptionnelle : quatre pièces datant du 12e siècle, situées sous la salle de prière ont été dévoilées. Cette remarquable découverte a permis de mettre au jour le sol original de la mosquée avant sa reconstruction en 1940. Le Conseil d'État des antiquités et du patrimoine iraquien collabore avec l'UNESCO pour qu'il soit rénové et conservé en tant que musée où le public pourra découvrir les différentes phases de l'histoire de la mosquée. Cette découverte a été intégrée dans la conception détaillée de la salle de prière et sa reconstruction commencera dans les mois à venir.
J'ai été au comble du bonheur quand j'ai entendu parler des découvertes ! Avoir ce patrimoine, préservé pendant tant d'années sous terre, le sauver de la destruction systématique qu'a subi le reste du patrimoine de la ville, c'est un miracle. C'est vrai qu'on a beaucoup perdu, mais j'espère un meilleur avenir.
Chapitre 3 : ramener une ville à la vie
Faire revivre l'esprit de Mossoul, c'est aussi redonner vie à la vieille ville en permettant aux habitants de retourner dans leurs maisons détruites pendant la guerre. L'UNESCO restaure et reconstruit 124 habitations historiques, avec le généreux soutien de l'Union européenne. Avant de commencer à reconstruire, le quartier a dû être déblayé. Jusqu'à présent, 2107 tonnes de gravats et 21 mines non explosées ont été enlevées. Aujourd'hui, la reconstruction des 44 premières habitations historiques est presque terminée, ce qui permet aux familles de rentrer chez elles.
Le projet génère également de nombreux emplois et encourage les jeunes Mossouliotes à rejoindre le programme d'apprentissage de l'UNESCO afin d'inciter la population locale à reconstruire sa ville de ses propres mains.
Pendant la guerre, les destructions étaient très terrifiantes. Toutes les pièces de ma maison se sont effondrées. En 2019, j'ai reçu un appel me disant que ma maison allait être reconstruite par l'UNESCO, je n'en croyais pas mes oreilles.
Depuis 2021, Ahmad vit à nouveau dans la maison où il est né :
Ma maison a été reconstruite en un an. C'est une nouvelle vie qui commence. Il n'y a rien de mieux que l'odeur de mon quartier.
Aujourd'hui, 67 familles, soit un total de 305 personnes, ont bénéficié de la première phase de reconstruction des habitations historiques. Dans la deuxième phase, l'UNESCO reconstruira 80 maisons, créant ainsi des logements pour 110 familles, soit plus de 400 personnes.
Chapitre 4 : raviver l'âme de Mossoul
Faire revivre l'esprit de Mossoul est une initiative de terrain qui vise non seulement à restaurer les éléments historiques de cette ville emblématique, mais aussi à redonner un sens à cette communauté, qui se caractérise par sa diversité religieuse.
En s'appuyant sur l'histoire et la diversité de Mossoul, l'UNESCO, en partenariat avec les Émirats arabes unis, a entrepris de restaurer et de reconstruire le complexe de la mosquée Al-Nouri, l'église syriaque catholique Al-Tahira et l'église Al-Saa'a.
Aujourd'hui, la reconstruction des deux églises et du minaret Al-Hadba a commencé. Main dans la main avec la population locale et en partenariat avec les autorités iraquiennes, l'UNESCO reconstruira le minaret tel qu'il était avant sa destruction en 2017, c'est un défi architectural qui nécessite des solutions innovantes.
À l'origine, le minaret était droit, mais au fil des siècles, il s'est incliné. Cette inclinaison, est apparue vers le XIVe siècle, c'est alors qu'il fut appelé « Al-Habda », le bossu. Dominant la ligne d'horizon de la ville, le minaret est devenu un symbole important pour les habitants de Mossoul.
L'UNESO a relevé le défi avec ses partenaires, tant locaux qu'internationaux. L'organisation a mis en place un projet de pointe basé sur les pratiques d'ingénierie les plus avancées qui garantiront la stabilité du monument, tout en assurant la compatibilité des techniques de reconstruction et des matériaux, qui incluent plus de 40 000 briques du minaret d'origine.
Des progrès ont également été réalisés dans le processus de reconstruction de la salle de prière de la mosquée Al-Nouri. Au cours des deux dernières années, le concours d'architecture pour la reconstruction de la salle de prière s'est achevé.
Au cours des 5 dernières années, 15 partenaires ont rejoint le projet de l'UNESCO, ce qui a permis de mobiliser plus de 105,5 millions de dollars. Grâce à cette forte mobilisation internationale, l'UNESCO a pu mener plusieurs autres projets, pour assurer la formation professionnelle, créer des emplois, reconstruire les écoles, combattre l'extrémisme violent par l'éducation, relancer la vie culturelle par le biais de festivals, de livres, de la musique et du cinéma.
Le chemin à parcourir est encore long, mais l'espoir d'un avenir pacifique est désormais permis. Chaque brique, chaque livre, chaque événement et chaque maison, aide les Mossouliotes à tourner la page de la guerre et de la souffrance. Ils envisagent désormais la vie qu'ils aimeraient construire pour leur ville et leurs familles.
