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Un projet de promotion des langues autochtones africaines d’Afrique du Sud reçoit un Prix international d’alphabétisation de l’UNESCO

Literacy Prize 2022 laureates - South Africa

L’Institut Molteno pour la langue et l’alphabétisation reçoit un Prix UNESCO-Confucius d’alphabétisation pour son programme « Préparation à l’école par la participation communautaire ».

L’Institut Molteno pour la langue et l’alphabétisation est une organisation à but non lucratif nationale et indépendante créée en 1974 en Afrique du Sud. Il vise à améliorer les compétences en lecture, écriture, expression orale et écoute au sein des communautés défavorisées du continent africain, principalement en encourageant les langues autochtones africaines et en s’appuyant sur des recherches intensives et scientifiquement reconnues en faveur de ressources linguistiques et culturellement appropriées pour les enfants.

 

En 2018, l’Institut a lancé le programme « Préparation à l’école par la participation communautaire » dans le but de donner aux enfants, à l’école et à la communauté les moyens de préparer les apprenants de la classe R (année d’accueil) à l’enseignement formel. Par ailleurs, le programme implique les communautés locales et les parents dans la création d’environnements de jeu et d’apprentissage appropriés pour les enfants, en relation avec les écoles locales, ce qui conduit à un fort engagement communautaire. Le programme se compose de dix modules et permet aux enseignants de travailler sur des tablettes. En outre, il a élaboré des ressources et des matériels d’alphabétisation tels que des bannières, des affiches, des étiquettes fonctionnelles pour les enfants et les communautés. De 2018 à 2021, près de 11 734 apprenants ont achevé le programme, dont 76 % de filles et de femmes.

Ce programme s’est inspiré de données tirées de l’étude PIRLS de 2016 et des deux évaluations menées en 2021 par le NECT (National Education Collaboration Trust) pour évaluer la situation de la lecture dans les écoles. On a constaté que près de 78 % des élèves de 4e année ne comprenaient pas ce qu’ils lisaient, à cause de la faiblesse des apprentissages fondamentaux du système éducatif de la classe R à la 3e année. Lors de la mise en œuvre du premier programme s’adressant aux élèves de la 1e à la 3e année de 2015 à 2017, on s’est aperçu que les enfants n’étaient pas être prêts pour la 1année. D’où la décision d’agir sur les élèves de la classe R.

Le programme a pu agir au-delà des espaces d’apprentissage traditionnels et contribuer à les transformer par la création, avec la participation de la communauté et des parents, de terrains de jeux naturels permettant aux apprenants d’apprendre par le jeu, dans des cadres urbains et périurbains mieux dotés en ressources. Les terrains de jeux naturels sont conçus pour accueillir tous les apprenants, qu’ils soient ou non en situation de handicap, et ils couvrent différentes dimensions de l’apprentissage des petites classes, comme le développement émotionnel, physique, social et intellectuel.

Avec le déclenchement de la pandémie, les activités d’apprentissage se sont poursuivies sous forme numérique, avec la création de nouvelles vidéos Loom destinées aux enseignants, ainsi que l’élaboration de manuels et livrets d’activités pour les apprenants. En outre, pendant la fermeture des écoles, le programme a pu remplacer le Programme nutritionnel scolaire national en livrant des colis alimentaires aux apprenants des familles démunies.

Le programme a su créer un espace d’apprentissage inclusif innovant, adapté aux besoins des apprenants, contribuant au développement des espaces multiples d’alphabétisation. M. Masennya Dikotla, PDG de l’Institut, a déclaré que « des espaces multiples d’alphabétisation encouragent la tolérance et la patience chez les apprenants en ce sens qu’ils apprennent à se connaître et à s’accepter eux-mêmes, mais aussi à connaître et à accepter les autres tels qu’ils sont et non tels qu’ils voudraient qu’ils soient ».

À l’avenir, l’Institut espère étendre le programme à davantage d’écoles en Afrique du Sud et à d’autres pays africains. La vision du programme est « d’inspirer les communautés de toute l’Afrique du Sud (et par extension de l’Afrique australe) à retrousser leurs manches au profit de leurs enfants ». Cependant, pour atteindre cet objectif, le programme a besoin d’un soutien supplémentaire de la part des bailleurs de fonds nationaux et internationaux, des gouvernements, des communautés locales et des entreprises.

À l’occasion de la Journée internationale de l’alphabétisation, M. Dikotla envoie un message encourageant : « Même si nous sommes en droit d’attendre de nos gouvernements qu’ils soutiennent l’éducation de nos enfants, nous avons tous un rôle à jouer et nous devons le jouer dans nos différents rôles pour combler les lacunes. Après tout, nous sommes les enseignants de nos propres enfants, avant que les gouvernements puissent prendre le relais ».