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Une étude de l’UNESCO sur les médias sociaux met en évidence la virulence de la négation et de la déformation de l’Holocauste

Suitcases that belonged to people deported to the Auschwitz camp. Brandon Fike/Shutterstock.com

Malgré des décennies de recherche historique, des millions d’heures de témoignages enregistrés et la préservation de documents, photographies et autres éléments dans les musées et les archives, la négation et la déformation de l’Holocauste continuent de se propager en ligne à une vitesse alarmante.

D’après un nouveau rapport publié le 13 juillet 2022 par l’UNESCO et l’Organisation des Nations Unies, en partenariat avec le Congrès juif mondial, 16,2 % des contenus relatifs à l’Holocauste postés sur les principales plates-formes de médias sociaux nient ou falsifient les faits essentiels. Sur Telegram, où il n’existe pas de modération ciblée des contenus ou de directives à l’intention des utilisateurs concernant la Shoah, près de la moitié (49 %) des contenus qui s’y rapportaient niaient ou déformaient les faits.

Dans les cas extrêmes, la déformation se sert des médias sociaux pour glorifier l’Holocauste. Ces discours ne se contentent pas de remettre en question la véracité des documents historiques, mais célèbrent la Shoah, appelant à davantage de violence et faisant la promotion d’idéologies génocidaires. Certains messages se moquent de l’histoire et de la mémoire en ayant recours à l’humour et à des mèmes codés, qui risquent de propager et normaliser à grande échelle des discours qui minimisent la souffrance des victimes et fournissent des points d’entrée pour la radicalisation.

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont analysé près de 4 000 contenus publiés en allemand, anglais, espagnol et français sur Facebook, Instagram, Telegram, TikTok et Twitter. Sur TikTok, 17 % des contenus publics relatifs à l’Holocauste niaient ou déformaient les faits, notamment en français (26 %), allemand (20 %), anglais (16 %) et espagnol (4 %). Sur Facebook, 8 % des contenus publiquement accessibles relatifs à l’Holocauste niaient ou déformaient l’histoire.

Les sociétés Internet et les gouvernements ont pour responsabilité d’exercer une surveillance et d’agir, lorsque cela est nécessaire, pour contrer les contenus qui nient ou déforment la Shoah. Ils ont également pour responsabilité d’assurer une éducation concernant l’Holocauste. Les plates-formes devraient ajouter des liens permettant de vérifier les informations sur l’histoire de la Shoah, en appliquant par exemple la pratique de Facebook et TikTok consistant à rediriger les utilisateurs vers le site Web commun de l’UNESCO et du Congrès juif mondial Faits sur l’Holocauste.

L’UNESCO s’emploie, avec ses États membres et partenaires, à promouvoir la compréhension des causes et des conséquences de l’Holocauste et de la façon dont les génocides se produisent, ainsi qu’à favoriser le dialogue constructif. Elle fournit des conseils et des outils pour la révision des manuels et programmes scolaires, la formulation et la révision des politiques, la promotion de pédagogies adaptées et pertinentes, et le renforcement de la coopération entre les secteurs formels et non formels de l’éducation, notamment les musées et les sites de mémoire.

Lire le rapport et en apprendre davantage sur le programme de l’UNESCO pour la prévention de l’antisémitisme et l’enseignement de l’Holocauste.