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Combattre les préjugés et les stéréotypes liés au genre dans et par l’éducation

« En cette Journée internationale des droits des femmes, mais aussi chaque jour, l’UNESCO s’engage à garantir le droit de chaque personne à une éducation exempte de préjugés et de stéréotypes » a déclaré Stefania Giannini, Sous-Directrice générale pour l’éducation à l’UNESCO.

Les stéréotypes et les préjugés liés au genre s’impriment dans l’esprit des individus dès l’enfance. Ils déterminent les jouets avec lesquels les enfants jouent, les matières qu’ils étudient, toute leur expérience de l’éducation et leur vie et carrière futures.

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’UNESCO, l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (UNGEI) et Transform Education, avec le soutien de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ont organisé un webinaire appelant les élèves, les parents, les enseignants, les gouvernements et les partenaires de développement à combattre les préjugés et les stéréotypes liés au genre dans et par l’éducation.

Passer de l’exclusion à l’inclusion

« En matière d’éducation, le système façonne les enfants et les jeunes et leur enseigne, par exemple, comment s’habiller, comment parler, influençant ainsi les modes d’expression des jeunes » a indiqué Michael qui, avec Nicole, représentait Transform Education, une coalition féministe dirigée par des jeunes et hébergée par l’UNGEI. « De toute évidence, en grandissant, nous voyons des préjugés qui ont été créés et sont en partie enracinés dans les systèmes sociaux, économiques et politiques autour de nous. »

Nicole a partagé sa propre expérience qui l’a amenée à faire face aux « normes négatives depuis l’enfance, qui lui indiquaient à quel point une fille doit être féminine et soumise et considérait la féminité comme une caractéristique négative pour le leadership à l’école et au travail ».

« Nombreux sont les garçons qui nous disent que, s’ils ne respectent pas ces normes, ils sont victimes de harcèlement ou subissent des violences à l’école » a déclaré Gary Barker, PDG de Promundo, admettant que les normes genrées ont aussi un impact sur les garçons, et plus largement sur l’égalité des genres. « Cela a un impact sur le niveau de réussite scolaire des garçons... C’est aussi extrêmement important pour les filles et les femmes. Nos recherches nous montrent que les garçons et les jeunes hommes qui adhèrent à ces normes inéquitables et les apprennent à la maison sont plus susceptibles d’avoir recours à des violences contre une partenaire féminine et sont moins susceptibles de soutenir l’égalité des genres plus généralement. »

Choisir librement les matières et les carrières

« Nous savons que les préjugés et les stéréotypes liés au genre s’enracinent pendant la petite enfance et qu’ils ont un effet sur les décisions que prennent les élèves quant au type d’avenir auquel ils doivent se préparer » a déclaré Erin Ganju, directrice générale d’Echidna Giving et modératrice de l’événement.

« Les filles et les garçons se conforment à des stéréotypes. Les filles aspirent à devenir médecins, enseignantes, infirmières, psychologues et vétérinaires. Quant aux garçons, ils veulent devenir ingénieurs, travailler dans les TIC et dans la mécanique » a déclaré Marta Encinas-Martin, ambassadrice du genre à l’OCDE, présentant les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA).

Les stéréotypes liés au genre influent sur les parcours scolaires et les choix de carrière des filles. Il en découle certaines implications, puisque moins de femmes choisissent les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM), et moins d’hommes ceux de l’enseignement, de la santé et du travail social.

Transformer les préjugés en s’appuyant sur l’éducation et les communautés

Le Rapport mondial de suivi sur l’éducation et l’UNESCO ont lancé une nouvelle fiche concernant la lutte contre les préjugés et les stéréotypes liés au genre dans et par l’éducation. Reconnaissant le rôle transformateur de l’éducation, Anna Cristina D’Addio a déclaré que les préjugés et les stéréotypes sexistes peuvent « être renforcés par les programmes scolaires, les programmes d’enseignement, les matériels pédagogiques et l’enseignement auxquels les apprenants sont exposés, alors que cela pourrait permettre de les combattre ».

Amelia Fernandez, conseillère pour le Gouvernement de Navarre et lauréate du Prix UNESCO 2019 pour l’éducation des filles et des femmes pour le projet SKOLAE, a déclaré que « les enseignants ont le devoir d’adopter une approche transformatrice du genre pour expliquer aux apprenants tout ce à quoi ils peuvent accéder et leur permettre de s’épanouir en tant qu’individus et non en tant que groupes distincts de garçons et de filles ».  

Stephen Jalenga du ministère de l’Éducation du Kenya a souligné le rôle des mentors et des modèles pour déconstruire les stéréotypes de genre dans les domaines des STEM : « Une fille d’une zone rurale n’a peut-être jamais vu une ingénieure ou une femme pilote. Lorsque vous leur permettez d’interagir avec de telles personnes, cela leur donne l’élan nécessaire pour aller de l’avant. »

« Ces conversations doivent avoir lieu dans un climat d’empathie et de bienveillance, en appelant les garçons et les hommes à bénéficier aussi de ce que nous obtenons tous lorsque nous adoptons des versions plus saines de la virilité » a déclaré Barker.

Sujata Bordoloi de l’UNGEI a déclaré : « Nous tous devons désapprendre et remettre en question les idées fausses et limitantes sur les autres et sur nous-mêmes. Ce serait vraiment formidable si l’éducation à travers le monde préparait les apprenants à sortir de la « boîte du genre » ».

Maria Nguyen, représentant le réseau SDG4Youth, a clôturé l’événement en ces termes forts : « Une action clé est nécessaire pour briser les stéréotypes et combattre les préjugés de genre dans et par l’éducation : défier le silence. Défier le silence lorsque personne d’autre ne semble se dresser contre les stéréotypes liés au genre dans l’éducation. Défier le silence lorsque les besoins des élèves et des jeunes qui sont au cœur de l’éducation ne sont pas entendus. Défier le dit et le non-dit. »