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Quel type de transparence des données pourrait être utile à la viabilité des médias ?

Dans le cadre d'une initiative conjointe visant à soutenir le journalisme face aux menaces économiques existentielles, le Programme international pour le développement de la communication (PIDC), en coopération avec l'Association mondiale des journaux WAN-IFRA, a organisé le 14 avril 2022 un échange avec les principaux directeurs d'associations de médias afin de réfléchir à la manière dont les données pourraient favoriser la viabilité des médias.
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L'objectif du partenariat de l'UNESCO avec la WAN-IFRA est d'aider à catalyser de nouvelles formes de modèles commerciaux durables, en particulier pour les petits médias et ceux du Sud.

Un volet important, soutenu par le PIDC, consiste à étudier la valeur de l'accès aux données collectées par les plateformes de l’Internet qui assurent la médiation d'une grande partie du flux de contenu entre de nombreux consommateurs et fournisseurs d’informations.

Au cours de la session en ligne, les participants ont évoqué la relation ambiguë et l'asymétrie des ressources entre les acteurs des médias et les grandes entreprises technologiques concurrentes en termes de publicité et de génération de revenus.

Ils ont signalé que les sociétés de l’Internet ne se contentaient pas de garder un grand nombre de données pertinentes à l'écart des éditeurs de presse, mais utilisaient également des systèmes d'IA massifs pour traiter et monétiser cette ressource.

En revanche, les petites agences de presse, même si elle avaient accès aux données, auraient du mal à les exploiter dans la même mesure, ce qui les désavantagerait en termes de planification éditoriale et de génération de revenus.

Plusieurs participants ont déclaré que cette situation posait des problèmes en matière de politique de concurrence et qu'il fallait créer des conditions de concurrence plus équitables.

Afin de résoudre les problèmes de capacité de traitement des données, un participant a proposé de créer des alliances entre éditeurs pour enrichir leurs opérations à la lumière des données de chacun. Une modification des règles de concurrence dans le secteur des médias serait alors nécessaire pour qu'une telle coopération puisse avoir lieu.

Un participant a fait remarquer que les médias d'information étaient en retard sur la connaissance de l'ensemble des points de données utilisés par les sociétés de l’Internet, ce qui signifie que les éditeurs « sont loin de savoir tout ce qu’ils ignorent ».

Un autre participant a déclaré qu'il serait précieux d'obtenir des données sur les pourcentages pris par les « intermédiaires » situés dans la chaîne de publicité automatisée. Les éditeurs ont besoin de comprendre qui obtient quelle part des revenus publicitaires par rapport à l'argent gagné grâce aux publicités placées à côté du contenu des informations.

Il a également été souligné que la transparence des changements d'algorithmes serait importante, car les médias sont souvent surpris par des changements qui affectent négativement leur capacité à attirer des audiences pour les informations.

Alors que les sociétés de l’Internet prétendent souvent que les contenus d'information ne sont pas rentables sur leurs plateformes, les participants ont remis en question cette affirmation et ont fait valoir que la transparence et la disponibilité des données étaient nécessaires pour résoudre cette question.

Guy Berger, Secrétaire général du PIDC et Directeur des stratégies et des politiques dans le domaine de la communication et de l'information de l'UNESCO, a expliqué que cette séance de réflexion était la première de plusieurs consultations.

Une prochaine série de consultations aura lieu à l’occasion de la Conférence de la Journée mondiale de la liberté de la presse de l'UNESCO, qui se déroulera en mai en Uruguay et s'appuiera sur les résultats de cette discussion. Les consultations aboutiront à un document qui sera présenté au Conseil du PIDC en novembre et qui sera ensuite mis à la disposition des sociétés de l’Internet, des gouvernements, des régulateurs et des parlementaires.